Les objectifs de développement durable et les chantiers : « Transition verte en chantier »
Les associations inscrivent pleinement leurs actions dans une démarche globale permettant l’engagement citoyen sur des projets respectueux de l’environnement avec des démarches pédagogiques écoresponsables. La CORAC, en s’appuyant sur les premiers travaux réalisés par l’association Cotravaux AURA[1], a poursuivi la mise en lumière de l’ancrage des chantiers dans l’éducation à l’environnement et au développement durable ainsi que leur contribution aux 17 objectifs de développement durable dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Favoriser une alimentation saine, locale, de saison et biologique
Le poste alimentation occupe une place centrale sur les chantiers de jeunes bénévoles d’un point de vue organisationnel, économique, pédagogique et s’inscrit dans la démarche résiliente des associations organisatrices. Les associations cherchent à favoriser au maximum l’accès à une alimentation saine, locale, de saison et si possible, biologique. Les pratiques anti-gaspi et la réduction des repas carnés sur les chantiers permet également de sensibiliser les bénévoles à l’impact environnemental de l’industrie agroalimentaire et de l’élevage. Dans ce sens, les associations contribuent à sensibiliser au quotidien les bénévoles, à réduire leur empreinte carbone et à soutenir les systèmes de production alimentaire et de distribution locale.
Favoriser une bonne santé physique et mentale
Selon l’Organisation Mondiale pour la Santé, « la santé est un état de bien-être physique, mental et social ». Les chantiers proposent 3 temps forts par jour : les temps de vie collective, de travaux et de loisirs. Lors des temps de vie collective, chaque bénévole peut exprimer sa créativité en cuisine pour réaliser des plats équilibrés à base de produits frais, locaux et parfois bio. Sur les temps de travaux, chaque bénévole est en action sur une mission qui lui a été confiée ou qu’il a choisi. Dans une société de plus en plus sédentaire, le chantier offre l’opportunité de reprendre un rythme actif nécessaire à la bonne santé physique et mental des personnes. Enfin, d’un point de vue social, chacun peut exprimer ses besoins, prendre du temps pour lui mais aussi découvrir avec et par ses pairs de nouvelles activités. Le chantier se veut respecter les besoins de chacun et chacune.
Favoriser la transmission, développer des compétences
Inscrit dans une dynamique d’éducation populaire, les chantiers bénévoles réunissent un large public mixte, parfois intergénérationnel, aux origine sociales et culturelles variées et constituent un moment fort de rencontre et d’apprentissage interculturel. Au travers d’une vie collective, de la réalisation de travaux utiles à la communauté, de la découverte d’un territoire et de sa population, les chantiers sont aussi des lieux d’expérimentations, de transmission et de partage permettant à chacun de développer de nombreuses compétences, savoir être et savoir-faire pour une société durable et pacifique.
Favoriser la mixité et respecter l’égalité des genres
Que ce soit sur les temps de vie collective, de réalisation de travaux ou durant toutes activité, le principe d’égalité des genres est strictement respecté. Tous réalisent sans distinction les tâches quotidiennes (ménage, vaisselle, préparation des repas) et les différents postes de travaux. De plus, les associations portent une attention particulière aux principes de non-discrimination et de non-violence (qu’elle soit de genre ou de nature). Certaines d’entre elles disposent des affiches de sensibilisation, portant notamment sur le consentement. Enfin, lors des inscriptions, les associations veillent à la mixité du groupe.
Favoriser l’intégration de toutes et tous
Attachées à la richesse d’échanges et soucieuses d’assurer l’égalité des chances, les associations ont noué de solides partenariats avec des structures socio-éducatives et des centres d’accueil de réfugiés dans un seul but : favoriser l’intégration de toutes et tous. Chaque année, des places sont réservées sur les chantiers à l’accueil de jeunes bénéficiant de mesures sociales et/ou éducatives afin de leur offrir une expérience enrichissante, humainement et pour certains, professionnellement. Enfin, les associations œuvrent à rendre leurs chantiers toujours plus accessibles y compris aux personnes en situation de handicap. Pour cela, une attention particulière est portée aux besoins individuels du jeune lors de son inscription afin d’adapter au mieux les conditions d’accueil du jeune.
Privilégier un chantier respectueux de l’environnement et utile à tous
Les chantiers de jeunes bénévoles sont des projets de développement local et participent à la valorisation et la restauration du patrimoine – du petit au monumental – et à l’amélioration du cadre de vie de manière plus durable. Utile à la communauté l’objet du chantier est décidé conjointement entre les associations et le bailleur et s’inscrit dans une démarche de participation citoyenne avec pour volonté la mobilisation de la population locale autour de l’engagement des jeunes bénévoles. Une fois l’objet de chantier choisi, les points pratiques sont abordés à commencer par le choix des matériaux et des techniques utilisés pour la réalisation des travaux. Les techniques traditionnelles tel que la pierre sèche ou la chaux ont l’avantage d’être durable, ne nécessitent pas de matériel mécanisé et sont donc peu énergivore. De manière générale les associations essaient au maximum de restreindre l’achat de matériaux, soit ces derniers sont présents sur site (ex : murs effondrés), soit il est possible d’avoir recours au réemploi de matériaux (plâtre à Arzelier par exemple).
Consommer consciemment et durablement
En tant qu’humain dans la société dans laquelle on vit, on est de facto toutes et tous consommateur.rices. Les associations sensibilisent à la consommation sur divers domaines : alimentation (voir ODD2), énergie, mobilité, etc. Selon les lieux d’hébergement, il peut être possible pour les associations de mettre en place des douches solaires. Cela permet aux jeunes de conscientiser la quantité d’eau utilisé lors d’une douche et l’énergie nécessaire à la produire. Côté mobilité, les associations encouragent durant le chantier la mobilité douce (déplacements pédestres notamment) mais aussi lors des déplacements pour se rendre sur le chantier : il est plus difficile de mettre en place l’usage du train pour les bénévoles internationaux mais les bénévoles locaux (habitants en France) viennent principalement en train. D’un point de vue achat, il est possible que certains jeunes n’aient pas prévu suffisamment de vêtement chaud par exemple. Lorsque c’est le cas, les associations vont se tourner vers des friperies ou autre boutique de seconde main. Enfin, les activités respectueuses de l’environnement et de proximité sont privilégiées pour limiter les déplacements et les émissions de gaz à effet de serre liées à ces activités.
Mettre en valeur les petits gestes du quotidien
Lieux d’expérimentation, les chantiers permettent à chacun d’améliorer ses capacités individuelles en acquérant savoir être et savoir-faire et dans plusieurs domaines. Parmi ceux-ci, on retrouve notamment l’adoption d’un mode de vie plus résilient face aux enjeux climatiques. Outre toutes les actions mentionnées dans les autres ODD et qu’on pourrait retrouver ici de manière transversale, en 2024, la CORAC a proposé des défis écologiques à mettre en place sur les chantiers permettant ainsi à chacun.e de conscientiser les petits gestes du quotidien qui permettent de lutter concrètement, à son échelle, contre le changement climatique.
Préserver des espaces naturels
Plus d’un quart des chantiers ont une vocation environnementale, et la moitié se déroule au sein d’espaces préservés ou protégés. Les interventions en lien avec la vie terrestre permettent au sein de ces espaces de lutter contre la dégradation des milieux naturels et la protection des espèces protégés, elles concernent l’ouverture et l’aménagement de sentiers, la mise en place de parcours pédagogique, l’entretien et la valorisation de milieux forestiers ou encore l’arrachage de plantes invasives.
Promouvoir la paix
Les chantiers, par leur histoire, sont des espaces de construction de la paix. Depuis le premier chantier international, en France en 1920, les chantiers de bénévoles conjuguent des valeurs humanistes, la compréhension entre les peuples et le respect de l’autre, et la réalisation d’actions concrètes au service de l’intérêt général. Aujourd’hui plus que jamais, ils prouvent qu’au travers d’une vie collective et d’un travail à réaliser, des solidarités se construisent, des citoyens s’engagent et se révèlent, des jeunes et des adultes montrent leur volonté de participer à la vie sociale et à son évolution, œuvrant ainsi à la construction de la paix et d’un monde plus juste et durable. Les associations mettent également tout en œuvre pour que chacun soit et se sente physiquement et affectivement dans un cadre sécuritaire.
[1] Association régionale du réseau Cotravaux. Cotravaux AURA a réalisé le projet « Transition verte en chantiers » accessible en cliquant ici.